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Crest
Image by Ranulf 1214
Crest : le donjon. A partir de 1145 le château haut est la propriété des évêques de Die. On trouvait à l’époque un château bas aux mains des comtes de Valentinois : les adversaires des évêques ! En 1201, la moitié du château haut fut inféodée au dauphin du Viennois qui cède ses parts aux comtes en 1267. Les évêques ne s’avouant pas vaincus commencent la construction d’une nouvelle place au-dessus du château haut. En 1332, cette nouvelle construction est rasée, les comtes sont maîtres des lieux ! Richelieu fera détruire le château à l’exception du donjon reconverti en prison que l’on surnommera la bastille du sud. La place va conserver ce rôle jusqu’au XIXème siècle.
Le château visible aujourd’hui est le fruit de la réunion progressive de trois tours indépendantes peu à peu surélevées. La place ne subira plus de phase de construction significative après la première moitié du XVème. Richelieu sur ordre de Louis XIII fera détruire le château à l’exception du donjon reconverti en prison que l’on surnommera la bastille du sud.
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Sur cette vue, en haut du rempart on observe une petite galerie de mâchicoulis : ce dispositif est le descendant des hourds.
Dans le passé, afin d’améliorer la défense de la base des remparts, on utilise des hourds qui protègent efficacement les assiégés des carreaux d’arbalètes. Ces galeries de bois en encorbellement placées contre les remparts permettent aux assiégés de jeter toutes sortes de projectiles sur la tortue lorsqu’elle est suffisamment proche, y compris des projectiles incendiaires. Les hourds de bois sont employés dans les constructions maçonnées dés les XIIème et XIIIème siècles. Les châteaux de Carcassonne et de Culan en possèdent de beaux exemples. Mais les hourds résistent mal aux machines de guerre et demeurent relativement fragiles au feu. C’est pourquoi, on inventera les mâchicoulis qui ont la même fonction mais sont construits en pierre ! A partir de la seconde moitié du XIIème, les mâchicoulis sur contreforts font leur apparition (Cathédrale fortifiée d’Agde dès 1173, tour maîtresse de Château Gaillard 1198). Ils présentent l’avantage de s’adapter facilement sur les anciennes constructions munies de contreforts. Les mâchicoulis alternés sont utilisés lorsque la portée entre deux arcs boutants oblige à placer une console entre eux (ensemble épiscopal du Puy-en-Velay début XIIIème). Et enfin la forme la plus aboutie, les mâchicoulis sur console dont l’utilisation se généralisera à la fin du XIIIème siècle sans supplanter les hourds de bois qui garderont la prééminence durant la première moitié du XIVème siècle.
Mais pourquoi avoir construit aussi haut au XIVème-XVème ?
Dans l’esprit de certains, l’apparition du canon rime avec disparition des châteaux. Alors, pourquoi Protestants et Catholiques se disputent-ils toujours les places fortes médiévales durant les guerres de religion au XVIème siècle, époque où le canon a fait ses preuves ! Pourquoi Richelieu et Mazarin s’acharnent-ils à détruire tous les châteaux non frontaliers susceptibles de servir de point d’appui à d’éventuels fauteurs de troubles ? Au XVIIème siècle, durant la minorité de Louis XIV, les frondeurs choisissent Coucy-le-Château comme place de ralliement. Malgré l’artillerie, il faudra trois mois de sièges et 60 000 hommes pour assurer le blocus de la place avant d’en venir à bout après un assaut ! En 1652, Mazarin fera démanteler la place, même la sape et la poudre noire utilisées ne parviendront pas à détruire le magnifique donjon. En 1917, l’état major Allemand donnera l’ordre absurde de le dynamiter : il faudra 28 tonnes d’explosifs !!!
La réalité est donc beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Les architectes du XVème, tout comme leurs aînés des XII-XIIIème siècles, confrontés aux machines à contrepoids semblent avoir fait preuve d’innovation face à cette nouvelle menace que constitue le canon.
Il ne faut pas perdre de vue que le château, quelque soit la période, répond à une réalité sociale et militaire. Ainsi, dès le XIIIème, la construction d’un château capable de « résister » à un siège en règle coûte déjà fort cher et devient le privilège des nobles les plus puissants. Tandis que la grande majorité d’entre eux se contente de maisons fortes ou de petits châteaux dans le meilleur des cas. Ainsi en 1337, alors que commence la Guerre de Cent Ans la plupart des places fortes ont une valeur militaire médiocre. En 1355 lorsque le Prince Noir déferle sur le Languedoc, seules Carcassonne et Narbonne sont aptes à lui résister ! La Guerre de Cent Ans dure de 1337 à 1453 et voit la montée en puissance du canon, mais nous n’en sommes pas encore là ! Néanmoins les châteaux et les villes fournissent des points d’appuis aux belligérants durant toute la guerre. Depuis ces places sont lancées des chevauchées dévastatrices en territoire ennemi. Faute de temps et de moyens les sièges sont rares comme aux XIIème-XIIIème siècles. Mais les périodes de trêve ne sont pas pour autant des périodes de sécurité avec toutes ces bandes de mercenaires désœuvrés, les fameuses grandes compagnies qui sillonnent le pays et prennent les places en escaladant les remparts par assaut massif à l’échelade ou par ruse. Contre de petites garnisons et des places vieillottes, l’opération réussit souvent ! De plus le marasme économique qui s’installe depuis la fin du XIIIème, conjugué à l’épidémie de peste de 1348, les impôts écrasants et le climat de guerre poussent les plus pauvres à la révolte : ce sont les Jacqueries. Les nobles, la bourgeoisie et les collecteurs d’impôts sont les cibles favorites des émeutiers qui attaquent parfois les châteaux. Ces Jacqueries comme celle de 1358 qui toucha la Brie, le Soissonais, et le Valois sont systématiquement sauvagement réprimées, mais le danger est là…
Aussi pour se protéger lorsqu’on en a les moyens, on tend à surélever les courtines à la hauteur des tours, on multiplie les flanquements, et surtout on réalise une défense efficace du haut des remparts en employant de plus en plus fréquemment les mâchicoulis, parfois surmontés d’un étage à partir des années 1360 comme à Pierrefond. Pour les archers et les arbalétriers, on multiplie aussi les archères, notamment à la hauteur de la contrescarpe tandis que le pont levis à flèche s’impose progressivement pour sa vitesse de manœuvre. Cependant on note dès le début du XIVème une volonté d’améliorer le confort, la notion d’intimité est au goût du jour. Pour cela les demeures sont compartimentées et organisées tant sur le plan horizontal que vertical. On n’hésite plus à percer des fenêtres défendues par de solides grilles dans les étages supérieurs, les tours de flanquements deviennent des tours résidences, seuls les étages inférieurs et les chemins de ronde conservent une vocation défensive. Le souci du décor, voire du luxe pour les plus riches est de plus en plus marqué. Parfois le château devient palais, sans pour autant oublier l’aspect militaire même si ces deux aspects semblent difficilement conciliables. A partir de 1360 Charles V désirant faire oublier les règnes désastreux de Philippe VI et Jean Le Bon remet au goût du jour la notion de tour résidence, mais plus haute, mieux décorée, plus ostentatoire. Vincennes en est l’un des plus beaux exemples. Mais ces grosses tours sont des appartements privés, on n’y trouve plus les espaces d’apparats comme dans les tours des XI-XIIème. Le donjon redevient le logis du seigneur du château. Certaines places se retrouvent donc avec deux donjons, un ancien modèle peu confortable et un neuf conforme à la nouvelle mode. A noter que durant ces années, c’est toujours le bon vieux trébuchet qui représente la machine de guerre la plus destructrice, comme au siège de Dieppe en 1378.
L’artillerie à poudre semble faire son entrée dès l’année 1324 dans l’armée royale au siège de la Réole. Sur le manuscrit de Gaullier de Milimete daté de 1325, on peut voir un canon en forme de vase dont les munitions semblent être de grosses flèches nommées « garro ». Une pièce archéologique semblable a été trouvée en suède en 1861. Les archives de Florences accréditent cette datation, en 1326 la ville fait fabriquer des canons de bronze. Les archives de Lille parlent aussi de ce type de canons et de munitions en 1340. Dès lors cette nouvelle technologie donne lieu à de nombreux essais, et de nombreuses voies sont explorées avant d’obtenir des performances réellement efficaces dans les années 1370. On sait qu’en 1392 la République de Strasbourg en guerre avec son évêque Frédéric de Blanckenheim et frappée d’interdit par l’empereur Wenceslas subit l’attaque d’une coalition de comtes menée par son évêque qui est repoussée par des tirs d’artillerie à poudre mais de quel calibre (grosse büchsen) ? Rapidement, deux technologies se distinguent : les canons en bronze coulés d’une seule pièce et les canons en fer composés de barres du même métal cerclées à la manière des tonneaux. Les cerclages sont parfois montés les uns contre les autres afin de renforcer la résistance de l’affût. Le bronze est provisoirement abandonné à cause de la complexité de la coulée et de la fragilité relative du matériau utilisé (le même que pour les cloches). Dès lors de nombreux modèles voient le jour mais ces armes sont hors de prix et souvent plus dangereuses pour l’artilleur que pour l’ennemi. Il est si fréquent que les pièces explosent que certains n’acceptent de les payer qu’après deux tirs d’essai. Ce risque demeurera longtemps. Ainsi en 1460 Jacques II, Roi d’Ecosse est tué par l’explosion d’une bombarde ! Mais ces explosions ne sont pas uniquement dues à un manque de résistance du métal mais aussi à un problème de dosage de poudre. La poudre fabriquée est très fine et lors du transport elle tend à perdre de son homogénéité et du coup peut avoir un pouvoir détonnant supérieur ! Il faut donc à nouveau la mélanger à la main avant utilisation, d’où risque d’explosion avant même d’utiliser cette très coûteuse marchandise ! Son coût s’explique par la rareté du salpêtre. Sa fabrication relève du secret d’alchimiste et d’artilleur.
La finesse de la poudre empêche la flemme d’arriver au cœur de la charge explosive, du coup une quantité de poudre substantielle continue à se consumer alors que le projectile est déjà parti !
Nous ne nous lancerons pas ici dans une description précise de chaque pièce mais plûtot dans un descriptif des grandes familles et de leurs conséquences. De plus, il en va du canon comme des machines de guerre à contrepoids : les clercs utilisent un vocabulaire très approximatif, ainsi une couleuvrine peut tout aussi bien évoquer un trait à poudre manœuvré à la main ou un canon !
Dans les années 1340 semble apparaître le veuglaire qui est toujours utilisé dans la seconde moitiée du XVème siècle. Cette pièce est composée de deux parties : la volée et la boîte. Cette dernière, qui fait office de culasse mobile, contient la charge de poudre. L’ensemble est posé sur une solide poutre évidée, cerclée de fer. La boîte est maintenue en position par des coins de fer au moment du tir. Cette solution pose des problèmes d’étanchéité au niveau du plan de joint, d’ou des problèmes d’usure et une importante perte de rendement. Néanmoins, ce système est toujours utilisé dans la seconde moitié du XVème pour les pièces de petits calibres. Pour viser, il faut jouer sur l’inclinaison de la pièce à l’aide de leviers et de cales, on dit alors que l’on « affûte » la pièce, d’où le terme d’affût qui apparaît plus tard pour le châssis de bois supportant le canon. Le calibre de ce type d’engins ne semble pas avoir excédé les 200mm et le poids des projectiles, une dizaine de kilo, donc bien insuffisant pour être réellement dangereux contre un solide rempart ! Ce type de pièces est juste capable d’endommager des hourds, par contre il s’avère efficace contre le personnel. Les machines comme les trébuchets vont donc côtoyer les armes à poudre durant de longues années ! Avant 1370 l’apparition du canon n’aura que peu d’effet sur l’art castrale. En 1347 le règlement de Bioule et Montauban place les armes à poudre entre l’arbalète à un pied et la fronde ! Dans les années 1370 apparaissent les fameuses bombardes qui sont à même de tirer des boulets de gros calibre dépassant parfois les 100 kg. Ces armes sont coulées d’une seule pièce. En effet l’utilisation d’une boîte est rendue impossible par la pression des gaz au moment de la mise à feu. Ce sont presque des armes de dissuasion au même titre que les grands trébuchets mais leur prix est prohibitif et seuls les plus puissants peuvent en équiper leurs troupes. La logistique accompagnant ce type de pièces est conséquente. Ainsi juste pour leur transport, il faut compter une trentaine de chevaux et une petite dizaine d’hommes pour les plus grosses qui atteignent les quatre mètres de longs pour un poids de près de six tonnes comme le Mons Meg visibles aujourd’hui à Edimbourg. A Gand, on peut voir la plus grande bombarde ayant subsisté : cinq mètres de long pour un calibre de 65 cm ! Contrairement aux apparences, la cadence de tir peut être relativement élevée et n’envie rien aux trébuchets… Logiquement c’est aussi à cette époque que l’artillerie fait son entrée dans les châteaux pour en assurer la défense. Dans les premiers temps ce ne sont pas des armes de gros calibres. On multiplie donc les archères-canonnières (vers 1400) que l’on surmonte souvent d’une fente pour faciliter la visée, évacuer la fumée et permettre de tirer à l’arc ou à l’arbalète le temps du rechargement. Ce procédé simple est aisé à mettre en place sur une ancienne place. Afin de palier le poids élevé de certaines pièces et les problèmes de recul, on fixe des poutres en bois dans les niches de tir dont il reste encore les encoches visibles dans les parois. Les armes les plus lourdes y sont assujetties tandis que les plus légères qui vont faire des progrès significatifs fin XIVème, sont justes posées. On les appelle les « canons à main » ce sont des canons miniatures utilisables par un seul homme. L’arme à feu portative la plus ancienne se rapprochant de l’ancêtre du fusil a été découverte au XIXème siècle dans les ruines du château de Tannenberg détruit en 1399. Cette pièce de bronze à huit pans mesure 32 cm de longueur pour un calibre de 14,5mm. L’ensemble se monte au bout d’une pièce de bois. Ce type d’armes est souvent appelé « bâton à feu ». Il existe des modèles similaires en fer forgé mais la plupart des pièces utilisant cette technique sont cylindriques. Les pièces de petits calibres (15 à 20mm) sont rarement équipées du croc destiné à absorber le recul en posant l’arme sur un support, ce sont vraiment des armes portatives ! Des armes de petits calibres sont aussi utilisées grâce à des trous percés sous les allèges des fenêtres.
A partir de la fin du XIVème siècle les canons deviennent de plus en plus efficaces et faciles à déplacer pour les pièces de calibre moyen, la construction d’un château apte à résister à ces armes devient le privilège des plus puissants : rares sont ceux capables de s’adapter à cette course aux armements. La fabrication de la poudre fait de gros progrès au XVème. En effet les différents éléments sont écrasés sous la meule et humidifié après mélange. Les galettes ainsi obtenues après séchage sont concassées et fournissent de gros grains dont la composition n’est plus altérée par le transport. La quantité de poudre non brûlée diminue et son rendement augmente considérablement : on fait ainsi 1/3 d’économie sur le volume de poudre utilisé. Cependant elle demeure une précieuse marchandise. Ainsi à Strasbourg au XVIème lors de la prise d’une place toute la poudre dans les tonneaux entamés est la propriété des artilleurs, ainsi que la cloche du tocsin et une prime équivalente à un mois de solde ! Et ce, tout simplement pour les dédommager de la part du pillage à laquelle ils n’ont pu goûter pour assurer la sécurité de leurs pièces…
Les trébuchets disparaissent progressivement avec la montée en puissance du canon. Si les bombardes sont toujours utilisées, elles côtoient de nombreux autres modèles de pièces de plus petits calibres. On tend progressivement à rallonger le canon pour gagner en précision et à réduire le calibre du fait de l’abandon progressif des boulets de pierre au profit des boulets métalliques plus efficace. Ces améliorations permettent de réaliser des tirs tendus. En effet, l’utilisation des boulets métalliques est impossible sur les pièces de gros calibre. A titre d’exemple un boulet en pierre de 50cm de diamètre pèse approximativement 450 livres, le même en métal pèse 1400 livres, la montée en pression dans la chambre de combustion est donc d’autant plus importante et risque de provoquer l’explosion de la pièce. A partir du milieu du XVème siècle, on recommence donc à couler des canons de bronze d’une seule pièce, qui seront progressivement remplacés par des pièces de fonte quand ce matériaux deviendra plus courant. Cependant les canons ont souvent le défaut d’être lourds et peu maniables. On transporte les plus lourds sur de solides chariots ou des barges d’où ils sont déchargés avant usage ! Fin XVème le canon devient mobile avec le ribaudequin, pièce de petit calibre, monté sur roue. A cette époque les pièces d’artillerie sont coulées montées sur roue, dotées d’une poudre propulsive puissante et fiable, la visée fait de gros progrès. Ce sont de véritables armes tactiques à même d’appuyer et de suivre la troupe en toute circonstance, au contraire de leurs ancêtres qui après les premières salves souvent peu précises ne servaient plus à rien une fois la charge lancée. De plus, en cas de contre-attaque il est impossible de se replier avec ces pièces qui tombent aux mains de l’ennemi. Au XVI-XVIIème les artilleurs enclouaient (un clou est enfoncé en force dans la lumière) les canons qu’ils ne pouvaient emmener afin d’empêcher leur utilisation : cela se faisait-il aussi au XVème ? Une aire nouvelle est née : les architectes vont alors réagir et utiliser la nouvelle arme à sa juste valeur.
Blinding light
Image by Official U.S. Air Force
Staff Sgt. Elizabeth Germain welds machine rollers Jan. 9, 2013, on Barksdale Air Force Base, La. The 2nd Maintenance Squadron fabrication flight is able to produce aircraft parts and tools from raw metal in order to support Barksdaleâs mission of delivering precision munitions to the battlefield. (U.S. Air Force photo by Airman 1st Class Andrew Moua/Released)
Crest
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